L’archéologue Christian Richard, en effectuant des recherches aériennes sur la commune n’a décelé aucun vestige gallo-romain repérable sur la commune. A l’heure actuelle, seules de nouvelles campagnes de fouilles permettraient de connaître l’occupation primitive de cet éperon rocheux, dont nous ne connaissons rien à ce jour avant la période carolingienne.

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L’existence de notre village est mentionnée dans un manuscrit latin qui fait partie des chartes de l’Abbaye de Nouaillé Maupertuis ; il a été déchiffré et traduit par Dom de Monsabert (abbé de Ligugé), daté de 857.

Un certain Emmon fait don de deux manses, venant de la succession de ses parents, à l’abbé Godolénus. L’une des deux manses est située dans un lieu appelé Mesgon, pagus de Poitiers, vicairerie de Vivonne et comprenant entre autres un moulin à farine et des pêcheries sur la Clouère. Ce texte du IXe peut laisser penser que dès le début de celui-ci et peut-être même avant Château-Larcher était bien appelé Mesgon.

Une charte de l’Abbaye Saint Cyprien datée d’octobre 888 mentionne pour la première fois le site castral. Ce texte a pour objet une transaction entre l’abbé Warin de l’abbaye de Nouaillé et un nommé Ebbon et sa femme Wisengarde. L’abbaye donne en échange l’alleu situé dans la villa Mesgon comprenant le « châteauu» où ils résident, le pré sous le château, le moulin attenant, une terre aussi attenante d’environ 16 juchères, soit environ 4 hectares, adjacente de trois côtés au cours de la Clouère, du quatrième à la terre de Saint-Pierre (appartenant à l’evêque de Poitiers) et la porte de ce même château. Ce texte est le premier qui prouve l’existence sur un promontoire rocheux dans une boucle de la Clouère d’un château (ou lieu fortifié) et possédant une porte, elle aussi fortifiée.

L’accalmie carolingienne dure peu : les invasions normandes ravagent le Poitou entre 855 et 879.

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Nous arrivons en 969 ;  c’est à cette date qu’est établie une charte de fondation du Prieuré Notre-Dame par Ebbon, Ode, sa femme et Achard leur fils. Cette charte est traduite in-extenso dans « Château-Larcher et ses Seigneurs de l’abbé Drochon ».Cette charte énumère les nombreuses donations concédées à l’Abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Deux chapelles sont mentionnées : une chapelle prieurale nouvellement construite en l’honneur de la Vierge Marie et de Saint Cyprien, située sous les murs du château, avec quatre journaux (un journal : quantité de terrain labourable par un homme dans une journée) de terre alentour pour y établir quatre moines vivant selon la règle de Saint Benoît ; une deuxième chapelle castrale à l’usage du seigneur située à l’intérieur du château.

Il est aussi fait mention de trois moulins établis sur la Clouère et situés sous le château et près d’une tour qui de toute antiquité porte le nom de Metgon. Cette tour existe toujours, mais elle n’est pas la plus ancienne du site castral. Dans son élévation actuelle, avec ses cheminées, ses meurtrières et canonnières, nous pouvons approximativement la dater du XVe.

Une charte contenue dans le cartulaire de St Cyprien entre 1060 et 1110, fait mention du Castrum Achardi puis une autre charte du Chapitre de St Hilaire vers 1055 mentionne le nom de Castellum Achardi. Au cours des siècles, le nom s’est modifié, passant entre autres de Castelachart, à Chastel Accart, Chastelacher, Chastelachair, Chasteaulachar, Chasteaularchair, Notre-Dame de Chatelacher en1779, en 1782, Notre-Dame de Château-Larcher. Le patronyme ayant alors été jugé trop empreint de catholicisme le village a été rebaptisé de 1794 à 1795 « Le Rocher ». Après cet épisode révolutionnaire, il prend définitivement le nom actuel.

Une autre charte du cartulaire de l’Abbaye St Cyprien de Poitiers datée de l’an 976 ou 977 cite le « monasterium Sanctae Mariae castri Acardi ». Le monastère est donc fondé et fonctionne. Il faut le situer sur toute la partie droite sitôt passé l’actuel châtelet.

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L’église paroissiale actuelle, qui a été chapelle prieurale, a été construite au XIe, date attestée par une charte datée de 1040.

C’est à la fin du XIe que les seigneurs de Morthemer deviennent propriétaires du château, jusqu’à l’extrême fin du XIIe où c’est la très puissante famille des Lusignan qui fait reconstruire au XIIIe siècle le château dont nous voyons actuellement les ruines.

Au XIVe, le site castral appartient aux seigneurs d’Angle, famille de Pleumartin. Guichard IV d’Angle est un personnage important, intermédiaire entre Jean le Bon et Edouard III.

Fin XIV et XVe siècles, il y a un changement de seigneurs par ventes ou mariages : famille de la Vergne, famille de Pons, famille de Chénac, famille Poncet de la Rivière qui trahit le roi en faveur de Charles le Téméraire, ce qui entraîne le démantèlement partiel de la forteresse ordonné par Louis XI : l’ensemble du site est decrênelé, le châtelet est éventré.

Au début du XVIe, la famille de Rochechouart-Mortemart prend possession du château. C’est une famille très ancienne (depuis 980) et très puissante, qui fait construire un nouveau château au XVIe siècle, le château moyenâgeux étant à cette époque à l’abandon. En 1840, ce château du XVIe est entièrement rasé. Il n’en subsiste qu’un pan de mur.

René Ier de Rochechouart-Mortemart né à Château-Larcher  épouse en 1570 la marquise Jeanne de Saux-Tavannes, d’illustre naissance car appartenant à la lignée des anciens rois de Bourgogne. Elle a  reçu en son château vaste et luxueusement meublé le roi Louis XIII revenant le 5 janvier 1616 de son mariage avec l’infante d’Espagne Anne d’Autriche. Louis XIII et sa suite assistèrent à la messe de l’Epiphanie dans l’église prieurale avant de se rendre à Poitiers.

L’escorte de 4000 hommes et 500 chevaux dut trouver à se loger dans le petit bourg !

Le père de René Ier, par crainte du pillage des Protestants, avait caché un trésor, découvert fortuitement en 1809 par des maçons démolissant les cuisines du château. Il y avait 30 livres de pièces d’or, soit l’équivalent de nos jours à 193 359 €.DSCN4455

L’histoire du château est à mettre en perspective avec les conflits du Moyen-Age : la guerre de Cent Ans (1337-1453), les conflits religieux entre catholiques et protestants et la justice royale contre Poncet de la Rivière.

De 1731 à 1783, le château appartient à la très illustre famille des Saint Georges-Vérac. La famille St Georges-Vérac ayant émigré, le château est vendu comme bien national à la famille Brossac qui démantèle le château et en vend les pierres.

C’est ensuite la famille de Cressac qui en est propriétaire de 1818 à 1870. Le château est ensuite acheté par Albert Candide Boutillier du Retail, frère de l’archéologue qui habitait le château de Roquillon sur la commune de Château-Larcher. La famille Boutillier du Retail vend ensuite à la famille Foreau. Par héritage, la famille Lex devient propriétaire du site qu’elle vend à la commune en 1997.